Analyse 2020-22

enseignement pédagogie alternative

Choisir une école pour son enfant n’est pas toujours simple. Plusieurs possibilités s’offrent à nous, comment choisir ? Doit-on opter pour un enseignement dit traditionnel, ou bien se tourner vers des écoles dont la pédagogie est particulière ? Et qu’entend-on par « pédagogie particulière » exactement ?

En Belgique, plusieurs écoles se définissent comme développant une pédagogie qui leur est propre, ou encore avec « une philosophie particulière ». Certaines proposent un cadre respectueux des enfants présentant des difficultés comme par exemple des troubles de l’apprentissage, des troubles de l’attention, etc. Certaines écoles proposent également un enseignement adapté pour les enfants souffrant d’autisme. Généralement, les classes sont en petit comité car le but est de faire du cas par cas, de s’adapter au rythme de chaque enfant. Le bien-être est au centre de ces initiatives. Via des valeurs telles que la bienveillance, les enfants apprennent à vivre en communauté. Souvent, de telles écoles proposent également une éducation multilingue. Inscrire son enfant dans une de ces écoles peut résulter d’un choix, mais peut aussi survenir lorsque l’enfant en éprouve le besoin.

En Belgique, la plupart de ces écoles se situent sur le territoire bruxellois, ce qui n’est pas forcément facile d’accès pour tout le monde. D’autant que le budget pour y inscrire son enfant peut être significativement différent des écoles publiques ou privées dites « traditionnelles ». De plus, ce type d’enseignement reste minoritaire et les places sont chères. Les listes d’attente de certaines écoles sont conséquentes. Bien des parents dont ce type d’école serait le premier choix ne sont pas en mesure d’y inscrire leur enfant. Ces difficultés d’accès pourraient signifier le risque d’une mixité sociale moindre au sein de ces écoles, or ce brassage est également important pour le savoir vivre en société de l’enfant, à savoir que ce sont majoritairement les classes aisées qui peuvent se permettre d’inscrire leur enfant dans de tels établissements. Ces pédagogies ne sont certes pas parfaites, mais elles ont le mérite de proposer des projets innovants et de susciter la réflexion.

Certaines écoles accueillent des adolescents avec le but de lutter contre le décrochage scolaire. Elles se détachent du système scolaire conventionnel qui ne correspond pas aux jeunes en rupture de formation. Le nom « atelier » remplace celui « d’école ». Le désir d’apprendre est mis à l’honneur mais aussi et surtout : la confiance en soi. Cette dernière a pu être sévèrement entachée par le sentiment d’échec, d’être à part. Ici, pas de système de cotation ni de compétition entre les élèves.

Des apprentissages concrets

Des cours de cuisine à l’école ne font pas partie du programme scolaire habituel. Pourtant, cet apprentissage s’avère utile en plus de faire écho à d’autres matières. C’est également une activité réalisable à la maison, en famille. Une activité qui peut paraître anodine mais qui, en réalité, réunit plusieurs apprentissages, en plus de participer à une bonne dynamique familiale. Concocter des repas sains est une excellente manière de sensibiliser au bien-être mais aussi à l’importance de la consommation locale, du bio et de l’environnement en général. Faire de bons petits plats, cela évoque la santé, la question de notre corps, sujets essentiels dans l’éducation des enfants. Suivre une recette, cela demande de la concentration mais aussi d’appliquer concrètement des concepts appris en classe : la lecture, mais aussi les mathématiques et les sciences, il y a des proportions à respecter par exemple1. Aborder ces matières via une action concrète est plus motivant, et le bon petit plat comme finalité constitue une motivation supplémentaire. Le jardinage est également une activité qui implique l’apprentissage de l’environnement et de la nutrition. Réaliser un potager ensemble s’inscrit dans cette continuité : cuisiner les fruits de la récolte est d’autant plus gratifiant.

L’art, le dessin, la musique, etc. sont souvent considérés à tort comme des activités supplémentaires, non essentielles au développement de l’enfant. Pourtant, ces matières peuvent se révéler riches et épanouissantes. Elles demandent de l’investissement, des efforts, de la concentration et de la régularité. Et surtout, elles éveillent la passion, sentiment ô combien important pour le développement personnel.

Les activités manuelles sont, dans les écoles plus classiques, généralement considérées dans le cadre d’une option professionnelle. L’enfant n’excelle pas dans les matières protocolaires et y est donc relégué. Mais pourquoi ne pas associer les deux ? Pourquoi ne pas intégrer une matière davantage manuelle dans le programme de base ?

Pédagogie Montessori et plus encore

La pédagogie Montessori s’intéresse à chaque période charnière de la vie. Cette pédagogie peut s’instaurer dès le plus jeune âge. En effet, il s’agit d’offrir, lors de la petite enfance, avant l’entrée à l’école, la possibilité de s’épanouir et de grandir à son propre rythme en toute bienveillance. L’accent est mis sur l’autonomie ainsi que sur l’autodiscipline. Les enfants y apprennent le respect de soi, des autres mais aussi du monde qui les entoure. En ce qui concerne le primaire et le secondaire, c’est l’initiative personnelle qui est encouragée. Mais aussi cultiver un sentiment d’appartenance et le plaisir d’apprendre. Construire un environnement sans stress est la priorité. L’objectif de cette pédagogie est d’étendre ce programme à l’échelle internationale2.

Au début du XXe siècle, un éducateur français a constitué sa propre pédagogie : la pédagogie Freinet. Selon ce dernier, pour que les savoirs soient véritablement utiles, ils doivent s’inscrire dans le vécu de celui qui apprend. Il entend par là que les apprentissages doivent avoir du sens pour l’enfant pour que ceux-ci soient compris et retenus. L’enfant n’a pas à être coté et les activités se réalisent exclusivement à l’école, c’est-à-dire qu’il n’y aura pas de devoir à la maison3.

Un Belge a également conçu une pédagogie particulière. Decroly, psychologue, estime qu’avant tout enseignement, il est important de susciter l’intérêt de l’enfant. L’envie d’apprendre est le point de départ4.

Enfin, nous pouvons mentionner la pédagogie Steiner, ayant trouvé son origine en Autriche. Le principe est d’adapter l’enseignement au rythme de l’enfant, et ce particulièrement au rythme biologique. En décalant les horaires par exemple. La créativité artistique se voit accorder une très grande importance auprès des écoles recourant à cette pédagogie5.

Des projets

Le bien-être de l’enfant est primordial, surtout en sachant qu’il passera une grande partie de son temps à l’école. Des projets hors du commun sont alors mis en place par des personnes engagées. On peut par exemple citer une école française où les enfants partagent leur classe avec un chat6. Ce projet a bien évidemment été mûrement réfléchi. Les enfants doivent bénéficier d’un cadre propice pour leur apprentissage et leur bien-être, mais c’est donc également le cas du matou. Les professeurs doivent être vigilants à instaurer dès le départ des règles simples : être calme, ne pas crier sur le chat, établir un planning pour savoir quand il faut le nourrir, etc. Résultat : chaque élève réalise ses exercices sereinement et lorsqu’il a terminé, il peut aller caresser le chat ou jouer avec lui si ce dernier se montre disposé. Bien sûr, ce type de projet n’est possible que dans des petites classes, où les élèves ne sont pas trop nombreux. L’école vante les bienfaits de la ronronthérapie : les ronronnements du chat apaiseraient les élèves agités7. L’atmosphère est ainsi détendue. Des valeurs comme le respect de l’autre sont également mises en pratique. Les animaux ne sont pas des objets, il faut être délicat avec eux et prendre soin d’eux. Autour de l’animal, des liens entre les enfants se renforcent. C’est aussi le cas pour les parents d’élèves, qui apportent des chats en bonne santé, vaccinés et sociables, à l’école. C’est une initiative qui implique tout le monde. Ce projet date de 2013 et aujourd’hui, d’autres écoles suivent le pas. À quand le tour de la Belgique ?

Un nouveau départ ?

Après cette période de confinement liée à la pandémie du Covid-19, les écoles rouvrent leurs portes. La crise peut-elle permettre un renouveau ? Durant ce temps à la maison, nous nous sommes adaptés. Nous avons repensé l’éducation. N’y trouverons-nous pas l’occasion d’adopter de nouvelles stratégies d’enseignement ? Et de s’intéresser à de nouvelles pédagogies ? De l’autre côté de la scène, l’on constate que les directrices et les directeurs des écoles se sont retrouvés surmenés : un jour les écoles fermaient, le lendemain elles ouvraient avec des conditions strictes et, pour finir, ouvraient sans nécessairement respecter ces conditions. Qu’en sera-t-il en septembre ? D’un point de vue administratif et organisationnel, les tâches sont lourdes. L’école doit se réinventer, mais comment penser à créer du nouveau alors que la situation est déjà si compliquée8 ? L’évolution de l’enseignement peut déjà commencer par la réflexion9.

 

 

 

 

 


 

1.  COLLINS Cl., FOLLONG B. et BUCHER T., « Maths, lecture et nutrition : ce que la cuisine apprend aux enfants », 08/06/2020 : http://www.slate.fr/ (consulté le 09/06/2020).
2. « Qu’est-ce que la pédagogie Montessori ? », 2018 : https://decouvrir-montessori.com/ (consulté le 18/08/2020).
3. « Comprendre la pédagogie Freinet en 10 points clés », 15/05/2018 : https://www.classe-de-demain.fr/ (consulté le 18/08/2020).
4. « Freinet, Montessori, Decroly… de grands pédagogues, une autre conception de l’enseignement », 01/05/2016 : https://ligue-enseignement.be/ (consulté le 18/08/2020).
5. Ibid.
6. Pour en savoir plus, voir la vidéo de présentation de l’école : https://www.youtube.com/.
7. Pour découvrir les nombreux bienfaits des animaux auprès de nous, voir La famille et les animaux, dossier 132 des Nouvelles Feuilles Familiales, juin 2020.
8. TOURRET L., « Les directeurs et directrices d'école au bord du burn-out », 08/06/2020 : http://www.slate.fr/ (consulté le 10/06/2020).
9. Analyse rédigée par Violette Soyez.

 

 

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